L'IMAGE DE LA FEMME DANS "ANTIGONE"
(Cet article fait partie du No 2 de
« Renaissances ». Vu son intérêt, nous le reproduisons dans ce
numéro)
Antigone est une pièce de théâtre écrite
par Jean Anouilh. Elle est au programme de français de la 1 ère
année du cycle bac. Déjà, le titre de la pièce est un prénom féminin.
L’importance de cet élément ne se dément pas dans la suite de la pièce. En effet, le nom d’Antigone intervient 194
fois dans la pièce, ce qui est énorme pour une œuvre de 123 pages!
Les personnages féminins qui
interviennent sont au nombre de trois : l’héroïne, sa sœur Ismène et la
nourrice. Un autre personnage est présent mais il n’apparaît jamais sur
scène : c’est Eurydice, la femme de Créon. La mère d’Antigone, aussi, est
citée. Elle s’appelle Jocaste et elle n’est citée dans la pièce que par son
rôle de mère.
Quelle est l’image de la femme que ces personnages donnent
quand on lit la pièce? A notre avis cette image n’est pas unique. Il y a plusieurs images et elles varient
selon les rôles que les personnages jouent ainsi que selon les différents
moments de leurs interventions dans la pièce.
1 – L’image de la femme-mère :
Jocaste paraît être une mère sévère en
ce qui concerne la bonne éducation de ses enfants. Ainsi la nourrice a peur
d’elle, même après sa mort, quand elle surprend Antigone à son retour de sa
première sortie. (« Vieille bête (…) tu n’as pas su me la garder
pure »), page 19. Quant à Eurydice, l’autre personnage-mère de la pièce,
elle est restée effacée dans la pièce : Dans le prologue, elle tricote et
« tricotera pendant
toute la tragédie ». Son unique
rôle est d’élever son fils puisque «elle n’est d’aucun secours à son
mari » (page 11). C’est une vraie femme de foyer car, à la page 121, le
chœur nous apprend que c’est une femme
très soigneuse dans ses activités : elle a attendu de terminer sa
rangée de tricot avant d’aller se tuer et sa chambre est décrite comme
une chambre très soignée (odeur de lavande, petits
napperons brodés, cadres de peluche). Elle est aussi une femme généreuse et
charitable qui aide les Moi pauvres (« Les pauvres auront froid cet
hiver » parcequ’elle ne
tricotera plus pour eux »). Ces deux personnages donnent
une image traditionnelle de la femme : quand elle est mère, c’est une
femme au foyer, discrète, silencieuse, soumise, qui accepte la supériorité de l’homme sans se plaindre et dont l’unique
mission dans la vie est de s’occuper du foyer et de veiller à la bonne
éducation de ses enfants.
2 – L’image de
la femme-rebelle : Cette image est incarnée par une partie
des comportements de l’héroïne. Antigone avait dés son enfance « un sale
caractère » (page 20) et une dure tête (page 16). Mais, une fois l’âge
adulte atteint, ce caractère entêté s’est transformé en rébellion. Beaucoup de
ses interventions témoignent de ce caractère tout au long de la pièce. Nous en citerons
certains : page 78 : « Moi,
je n’ai pas dit « oui » (…)je peux dire « non »
encore à tout ce qui ne me plait pas», page 82 « Je suis là
pour vous dire non», page 94 « Pourquoi veux-tu me faire
taire ? Parce que tu sais que j’ai raison ?(…) Tu sais que j’ai
raison, mais tu ne l’avoueras jamais ». Mais ? contre quoi est ce que
cette héroïne attachante se rebelle? Tout d’abord, contre ce qu’elle considère
comme une injustice, celle du roi Créon qui a enterré Etéocle avec les
honneurs et qui a, en même temps, dicté une loi qui laisse Polynice, son autre
frère, abandonné aux corbeaux et
sans funérailles, en interdisant qu’on l’enterre sous peine de mort. Elle se
rebelle aussi contre les règles qui sont utilisées pour gouverner. Cela se voit
dans son long dialogue avec Créon (pages 65-96), quand elle refuse les explications
données par ce dernier pour la
dissuader d’aller jusqu’au bout de son geste de rébellion. Créon lui dit que
« pour que les brutes que je gouverne comprennent, il faut que ça sente
le cadavre de Polynice dans toute la ville pendant un mois ». Elle refuse
catégoriquement cet argument et lui répond plus tard : « Qu’est ce
que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre
nécessité, vos pauvres histoires». On comprend
par ça qu’elle refuse cette manière de gouverner utilisée par Créon : mentir
pour faire peur et pouvoir continuer à régner ! Mais elle va plus loin
encore, elle se rebelle contre toutes les règles qui poussent l’être humain à faire des
concessions pour pouvoir vivre heureux.
Ainsi, elle affirme p92 « Quelles pauvretés
faudra-t-il qu’elle fasse elle aussi, jour après jour, pour
arracher son lambeau de bonheur? Dîtes, à qui devra-t-elle mentir, à qui
sourire, à qui se vendre ?». Ce passage montre qu’elle refuse les
conformités, les obligations mensongères
et les règles de la vie sociale. Elle refuse ce marché ou ce chantage et
cherche un bonheur pur, un bonheur qu’on peut avoir sans devoir le salir
par des mensonges. D’autre part, à l’image des associations qui
militent aujourd’hui au Maroc et ailleurs, elle se bat pour la liberté, pour
plus de liberté et d’autonomie ». (« Moi, je peux dire non à tout ce
que je n’aime pas et je suis seul juge »). Ce qui étonne
dans, cette pièce, c’est que, c’est le personnage le plus faible
physiquement (voir l’illustration dans
la couverture) qui se rebelle. Ceci le rend pathétique.
3- L’image de la
femme-femme :
Par
« femme-femme », nous voulons parler d’une femme normale, une femme
qui pense à mener une vie normale, à s’amuser, se marier et avoir des enfants
sans pour autant être obligatoirement soumise. Deux personnages représentent ce genre de femmes, deux
personnages qui s’opposent dans la pièce. Il s’agit tout d’abord d’Ismène, une
fille qui a peur de souffrir (« Et souffrir ? il faudrait souffrir, sentir
que la douleur monte, qu’elle est arrivée au point où on ne peut plus la
supporter », page 27) ; c’est une fille belle, coquette et
féminine (« rose et dorée comme un fruit », page41). Elle est aussi
séduisante et aime la compagnie des hommes (« Ismène riait aux éclats,
là-bas, au milieu des autres garçons » page 10). Elle est aussi réaliste
car elle dit page 26 : « Il (Créon) est plus fort que nous, Antigone.
Il est le roi et ils pensent tous comme lui dans la ville ». Elle aime
aussi la vie quand elle dit à sa sœur : « tu n’as donc pas envie de
vivre, toi?». Chez Ismène, ce côté « femme-femme » s’accompagne aussi
d’un côté femme traditionnelle qui pense qu’elle n’est pas l’égal de l’homme et
que la femme n’est pas assez
intelligente pour décider elle-même de son destin et de sa vie. En effet, elle
affirme, page 29, « C’est bon pour les hommes de croire aux idées et de
mourir pour elles. Toi, tu es une fille». Contrairement à ce qu’on pourrait
penser, Antigone, elle aussi, est « femme-femme » à certains
moments de la pièce. Le passage qui exprimerait peut-être
le plus ce côté
de sa personnalité est son dernier dialogue avec son fiancé Hémon avant d’aller
couvrir le corps de Polynice pour la deuxième fois. Entre la page 37 et la page
44, une autre Antigone est en face de nous : coquette au point d’aller
voler la robe et le rouge à lèvres de sa sœur pour se faire belle, sensuelle
aussi au point de demander à Hémon de la serrer très fort et même au point
d’avouer qu’elle s’était faite belle pour partager son lit, ce soir-là, bien
avant le mariage. Elle assure aussi qu’elle aurait aimé avoir un garçon, et qu’elle
aurait été pour lui une mère « plus sûre que toutes les autres mères du
monde ». Le fait qu’elle emploie le conditionnel passé montre qu’au fond
d’elle même, c’est cette personnalité qui est la plus souhaitée, la plus
désirée car elle est la plus regrettée et celle qu’elle ne pourra jamais vivre.
Comme on le
voit, Cette pièce ressemble à ce qui se passe aujourd’hui au Maroc en ce qui
concerne les droits de la femme. Deux courants s’opposent : l’un veut la
garder à la maison, sans libertés réelles et l’autre veut lui donner sa
liberté, plus de liberté, beaucoup trop de liberté aux yeux du premier courant.
Mais il faut souligner que dans cette
pièce, Hémon et Créon, les deux
principaux personnages masculins de la pièce ne nous semblent pas très
anti-liberté de la femme. Hémon est même, à notre avis, un fiancé modèle, un
homme modèle car il respecte sa fiancée et ses volontés et surtout, il sait
l’écouter, avec respect et sincérité.
Samiha Bakkali.
Boutaïna Ismaïli Alaoui.
PROVERBES
*Le mensonge te
rend service pour un jour, la vérité pour toujours.
*Le bonheur n’est
pas un objet à posséder. C’est une qualité d’esprit, un état d’âme.
*Il vaut mieux
parfois être fou avec tous que sage tout seul.
*Il ne faut pas
vendre la peau de l’ours avant de l’avoir achevé.
Souriez
Un monsieur
souffrant d’une grave maladie a consulté toute une foule de médecins, et il a
été toujours déçu. A la fin, en désespoir de cause, il va chez un guérisseur.
Une fois dans le cabinet, il le fait asseoir en face de lui et lui dit :
« Regardez-moi bien dans les yeux. Top ! voilà vous êtes
guéri ! ». Alors, le patient lui dit : « Regardez-moi bien
dans les yeux ; Top ! voilà, vous êtes payé ! »
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