jeudi 6 avril 2017

GRAINES D'ECRIVAINS VIII



Mon grand-père…
 
          Quand mon grand-père est mort, ma vision de la vie a changé d’une façon totale parce que sa présence signifiait beaucoup pour moi : il était un modèle, un ami, un frère, un père... Maintenant, plus rien n’a de sens. Quand mon grand-père est mort, le sens de la vie pour moi est mort.
Je suis encore sous le choc de  cette disparition parce que nous étions toujours ensemble, il m’aimait beaucoup et a toujours veillé sur moi. Il m’a aussi toujours défendu quand j’avais des problèmes avec mon père.
Il était comme un frère pour moi car il me disait tout sur les leçons qu’il avait accumulées tout le long de sa vie. Vieux, il a toujours eu l’esprit jeune et moderne : nous jouions ensemble aux jeux-vidéo, et il avait l’habitude de me dire : « Wlidi, tu triches et tu profites de ma faiblesse visuelle. Alors, je suis ton grand-père, tu m’es très cher et… je vais te laisser gagner».
Avec le temps, ses forces physiques le quittaient peu à peu. Mais, je suis resté près de lui et je ne l’ai pas abandonné. J’ai commencé à l’aider à changer ses vêtements et même à uriner quand il ne pouvait plus le faire tout seul. La première fois, c’était difficile pour moi (et pour lui, j’en suis sûr) de vivre cela, mais, la vie, c’est aussi un devoir, et comme il m’a accompagné et aidé dans les moments difficiles, je devais lui montrer ma reconnaissance et surtout mon profond amour de cette manière. La première « salate » que j’ai faite dans ma vie, c’était à l’occasion de sa mort.
 J’ai encore le sentiment que je vais le rencontrer, et, il est encore en vie dans mon cœur.
Dans les moments de grande tristesse, quand il me manque beaucoup, quand je n’en peux plus de l’attendre, j’ai pris l’habitude de visiter le cimetière où il « vit » maintenant. Devant sa modeste tombe, je pleure, je lui parle parfois, je lui témoigne tout mon amour… et je me sens mieux. Allah yr7mou…
Sincèrement, je n’arrive pas encore à voir ma vie sans lui car il était et il reste encore tout pour moi. Que puis-je faire pour dépasser et accepter ce terrible événement ? C’est plus fort que moi. Je suis totalement impuissant.
Actuellement, je sens que je suis comme un corps sans âme. De temps en temps, je me pose des questions bizarres :
Pourquoi la souffrance commence quand quelqu’un est mort ? Pourquoi est ce que ce sont les gens bien et généreux qui partent les premiers ? Pourquoi les tricheurs, voleurs ou profiteurs sont encore en vie ?
Je suis toujours ailleurs parce que je sens que la mort de mon grand-père est problématique.
Et je me rappelle encore de manière précise de la nuit de sa mort, la nuit où j’ai perdu, moi aussi, la vie!
Il était petit, trapu et portait toujours une barbe de trois jours. Il s’appelait Ahmed, il avait 65 ans. Il est parti, en me laissant seul, il y a presque un an.
                                                      Nassim Daoui, avril 2013. 

  

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