LES INVITÉS DE
« RENAISSANCES »
PAROLES DE GARDIEN…DE PARKING
« Faîtes comme moi mes enfants, travaillez bien, ne trichez-jamais…Et vous gagnerez la confiance de tous vos profs ! »
« Moi, je crois au destin car il m’a donné une épouse
que je n’avais jamais vue avant le mariage, une épouse qui m’a toujours compris
et aidé à affronter les difficultés et à les vaincre avec l’aide de
Dieu. »
« Je ne comprends pas les
profs qui « désertent » sans me payer le petit dirham qu’ils paieraient
sur un autre parking ! Comment ces personnes pensent-elles être aptes à vous éduquer ( yrbbiwkoume ) ? »
« Je gagne beaucoup moins
d’argent car le collège
contenait plus de professeurs avant. Mais,
l7amdoulillah, ça va bien et, moi, je pense surtout à
ceux qui n’ont même pas de pension de retraite comme
moi ou qui sont malades »
contenait plus de professeurs avant. Mais,
l7amdoulillah, ça va bien et, moi, je pense surtout à
ceux qui n’ont même pas de pension de retraite comme
moi ou qui sont malades »
Devant notre lycée il y
a un petit parking de voitures destiné aux voitures de nos chers professeurs.
Ce parking est très petit et accueillerait au plus une dizaine de voitures. Un
gardien veille sur ces voitures, souvent luxueuses, avec sérieux et abnégation.
Il s’appelle Abd El Ghafour, il est âgé
de 65 ans. Petit de taille, il a une démarche posée. Il est frêle et porte
toujours un gilet fluorescent, une casquette et des lunettes de soleil. Ses sourcils et sa moustache
sont fins. Il a des petites joues, une petite bouche avec des lèvres charnues
et un menton pointu. Quand on le voit, on pense à un personnage mexicain de
films policiers américains. Un prof nous a dit qu’il lui rappelle un ancien
célèbre acteur de films westerns ou policiers qui s’apele Lee Van Cleef. Regardez
sa photo et allez sur google rechercher une photo de ce grand acteur... Vous êtes d’accord ?
On
le connait un peu parce que nous le croisons à chaque entrée et sortie du
lycée, et même, parfois, quand un prof s’absente, on discute avec lui. Notre
curiosité nous a poussés à faire une petite interview avec lui. Il était
sincère, triste et touchant pendant cet entre-vue. En voici l’essentiel :
Ce
pauvre bonhomme a vécu son enfance orphelin, seul avec sa grand-mère qui est
morte quand il avait 10 ans. Il a défié tout seul les obstacles de la vie. Ces
obstacles ont poussé Abd El Ghafour à quitter l’école dans le but de chercher
un travail pouvant lui permettre de vivre dignement. Au cours de cette longue quête, il a eu
l’occasion de rencontrer un français. Il lui a raconté sa vie et sa situation
difficile. Ce dernier a compati avec lui : il lui a proposé de l’emmener
avec lui en France pour une vie meilleure. Mais malheureusement, le malheureux,
ne parlant pas un mot de français, a été vite rejeté par le responsable du
groupe d’ouvriers qui normalement devait aller travailler sous contrat en
France.
Pourtant
il n’a pas perdu espoir : il était convaincu qu’il faut faire des efforts,
supporter le pire et souffrir en silence pour arriver à réaliser ses vœux. Il a
donc continué ses recherches. Enfin, Abd El Ghafour a pu trouver un travail
dans une usine de chocolat en 1985. Sa situation s’est améliorée petit à petit.
Son travail plaisait aux responsables de l’usine. Aimant son travail et
travaillant de manière consciencieuse, il a su gagner la confiance de tous
là-bas. Il a travaillé heureux, aimé et respecté dans cette unité de production
jusqu’à sa mise à la retraite 2001.
Actuellement, notre héros, dans la réalité et pas dans le cinéma, a une femme, deux filles
toutes deux mariées et un garçon qui continue ses études, comme nous en 2 ème
année baccalauréat. Il touche une petite retraite mensuelle en plus de l’argent
du parking et semble mener une vie
paisible et tranquille avec sa petite famille. Il passe toute la journée devant
notre lycée, depuis 2001, pour ne pas s’ennuyer et, aussi, pour gagner un peu
plus d’argent en parquant les véhicules des professeurs. Des fois, ils le
payent, d’autres fois, certains, sans honte ni dignité,
« s’enfuient » sans faire ce geste tant attendu par ce grand
monsieur :"donner un petit dirham"!
En
réécoutant l’interview et en la synthétisant, nous avons eu l’impression de
discuter avec un philosophe, un
sage… un nouveau Bouchaïb, héros du roman de Mohammed Khaïr Eddine.
Nor Eddine Labchiri et Mohammed Lakhmassi.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire