INTERVIEW AVEC M.DAHMANI
M. Dahmani
est professeur d’histoire-géographie dans notre lycée. A côté de son travail
d’enseignant, il participe aux activités d’une association des droits de
l’homme. Cet aspect de sa personne a attisé la curiosité des élèves.
« Renaissance », toujours proche des préoccupations de ses lecteurs,
a envoyé deux membres de son équipe pour réaliser cette interview qui, nous
l’espérons, vous éclairera.
Q : M. Mohammed Dahmani, nous avons entendu dire que vous êtes très mêlé aux droits de l’homme. Racontez-nous...
-
Oui, je suis membre de la section de Meknès de l’association marocaine des
droits de l’homme. Il y a deux ans, j’étais responsable de l’information dans
cette section. Maintenant, je suis responsable de la coordination dans les
domaines de l’éducation
aux droits de l’homme. Ainsi, j’ai pu participer à de nombreuses manifestations
organisées par l’association dans différentes villes du Maroc et j’ai aussi reçu
des formations dans les domaines des droits de l’homme, de l’information, de l’éducation...
Q : Quel sens donnez-vous aux droits de
l’homme dans l’enseignement ?
En général, on désigne par droits de l’homme des valeurs
sans lesquelles l’homme ne peut vivre dignement.
Mais, on ne peut pas segmenter cela en parlant de droits de
l’homme dans l’enseignement et droits de l’homme dans un autre domaine :
Les droits de l’homme sont un et sont
indivisibles. Ils concernent toutes les facettes de l’être humain. De plus,
ils ne se donnent pas, ils s’arrachent grâce à une lutte qui dépend de
l’équilibre des forces existant dans le pays.
Q : Comment est ce que les droits de
l’homme peuvent s’intégrer à l’enseignement ?
C’est l’une de nos plus anciennes
revendications. Certes, il y avait parfois des allusions aux droits de l’homme
dans quelques matières comme la philosophie où l’histoire-géographie. Mais
notre ambition, c’est d’y consacrer une matière entière au moins dans
l’enseignement dans les collèges.
Q : Supposons que votre souhait soit
réalisé, qu’enseigneriez-vous dans cette matière ?
J’y enseignerai certains principes de
la vie en collectivité tels que l’égalité, la liberté et les droits qu’elle
donne mais aussi les devoirs qu’elle impose, le droit à la vie ainsi que tous
les droits individuels. L’objectif de ces cours sera de convaincre les élèves
de la nécessité de l’existence de ces
éléments dans la société pour arriver à vivre dans un monde meilleur pour tous.
Q : Quel rôle doivent jouer les élèves
dans la réalisation de vos objectifs ?
Le même rôle que les autres citoyens :
tous doivent avoir la foi dans ces droits, dans leur globalité et dans leur
universalité. Après, ils doivent participer, chacun à son niveau, à leur
développement et à leur renforcement.
Mais permets-moi d’insister sur le fait
que quelqu’un qui ne croit pas en ces droits ne peut pas les faire progresser. La première chose à faire est de convaincre
les gens de croire en ces valeurs et d’essayer
de les insérer comme une composante principale de nos rapports avec les autres.
Q : Où
en est notre pays aujourd’hui dans ce domaine ?
Mon association considère que des pas
positifs réels ont été faits, mais elle considère aussi que la situation est encore
fragile et qu’elle risque de régresser à
tout moment. J’en veux pour preuve les événements tragiques du 16 mai 2003 à
Casablanca. Notre association estime que des atteintes sérieuses aux droits de
l’homme ont eu lieu. Ceci nous pousse à douter de la crédibilité des
responsables. Les droits de l’homme ne sont pas des slogans, mais des pratiques
et des valeurs. Beaucoup
de lacunes persistent et ont la peau dure : les réactions violentes à certaines
manifestation pacifiques, des atteintes aux droits d’habiter et d’apprendre,
aux droits à la santé, à l’alimentation… Mais cet aspect de la réalité de notre
pays nous pousse surtout à redoubler d’efforts pour le changer.
Un Maroc qui respecte profondément
les droits de l’homme est accessible à condition d’être plus nombreux à militer
dans ce sens.
Nassim Daoui.
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