mercredi 5 avril 2017

LUTTES









UNE FEMME PAS COMME LES AUTRES ET COMME TANT D’AUTRES...












    Chaque jour sur le chemin du lycée, mon attention est attirée par une femme qui expose sa marchandise devant elle sur une vieille couverture. Elle se mettait toujours sur le trottoir, à la même place : au coin de la porte d'une ancienne librairie fermée depuis longtemps. Il y avait étalés là des cache-nez pour femmes épais et multicolores, des bonnets, des chachias, de jolis petits chaussons aux couleurs vives. En attendant les clients, elle tricotait ces merveilles de douceur. Chaque jour, elle était là, presque cachée dans ce coin, courbée sur ses fils de laine et ses  deux aiguilles à tricoter, répétant des dizaines de fois les mêmes gestes agiles et précis, indifférente à ce qui l'entourait. Elle ne regardait même pas les passants. Jour après jour, je me suis attachée à elle. Elle  avait de petites mains et des doigts longs et fins. Elle portait toujours une djellaba bleue décolorée. J’étais impressionnée par sa patience, sa concentration au travail, la beauté de ce qu'elle fabriquait. Un jour, je décidai d’aller lui parler pour essayer de mieux la connaitre et lui montrer mon admiration… Cet échange eut lieu par une matinée assez froide de mars. Il était dix heures.
Q - Quelles sont les causes qui vous ont poussée à faire ce travail?
R - Je suis très pauvre ma fille. Je fais ce travail juste pour subvenir aux besoins de mes enfants.
Q - Est-ce que tu es mariée?
R - Oui ma petite, j’ai deux enfants.
Q - Il fait quoi dans la vie ton mari?
R - Il est gardien de parking.
Q - Rester comme ça dans le froid est très dur. Pourquoi ne cherches-tu pas un autre travail moins difficile?
R - Même si ce travail est difficile, je le supporte par amour pour ma famille et même je l’aime : j’adore tricoter.
Q - Est-ce que tu t'entends bien avec ton mari?
R - Oui, on s'entend très bien et si je supporte ces conditions très dures, c'est pour l'aider à mieux faire vivre nos petites. Pourquoi vous me posez toutes ces questions?
Q - C'est parce que je passe toujours par ici et que je vois que tu es toujours au même endroit, qu’il fasse chaud ou froid. J'ai eu pitié de toi. J'ai eu aussi de la sympathie et de l'admiration. Ceci m'a poussé à venir te parler?
R - Mrhba ma chérie. Viens quand tu veux, tu seras toujours la bienvenue.

Vraiment,  j’ai beaucoup aimé cette femme. J'ai surtout admiré son courage et sa volonté. Elle a choisi un moyen qui n’est pas facile pour aider son mari et elle ne fait pas des mauvaises actions pour gagner de l’argent comme « la mendicité» ou «la prostitution». Je pense qu'elle donne une belle leçon à nous, élèves, qui ne travaillons pas assez et qui nous plaignons toujours. Après, j’ai demandé à mes amis de l’aider en achetant quelque chose de sa « boutique ». Notre choix s’est fixé sur un beau cache-nez rouge bleu et blanc.
 J'ai voulu compléter cette interview et mieux  faire connaitre cette courageuse dame, mais, ça fait plus d'un mois qu'elle ne vient plus dans sa "boutique". A-t-elle des problèmes? Est-elle malade? Je suis inquiète pour elle. Mais, d'un autre côté, je me dis qu'elle est très courageuse et forte et qu'elle vaincra ses difficultés.
 Je suis très fière des femmes qui se sacrifient pour leurs familles, je les respecte beaucoup et je ferai tout pour leur ressembler. 
        Hajar Kazbouri, Amina Slassi,  Hanane Asli                                    Dessin de Redouane Araybé

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