UNE FEMME
PAS COMME LES AUTRES ET COMME TANT D’AUTRES...
Chaque jour
sur le chemin du lycée, mon attention est attirée par une femme qui expose sa
marchandise devant elle sur une vieille couverture. Elle se mettait toujours
sur le trottoir, à la même place : au coin de la porte d'une ancienne
librairie fermée depuis longtemps. Il y avait étalés
là des cache-nez pour femmes épais et multicolores, des bonnets, des chachias,
de jolis petits chaussons aux couleurs vives. En attendant les clients, elle
tricotait ces merveilles de douceur. Chaque jour, elle était là, presque
cachée dans ce coin, courbée sur ses fils de laine et ses deux aiguilles à tricoter, répétant des
dizaines de fois les mêmes gestes agiles et précis, indifférente à ce qui l'entourait. Elle ne regardait même pas
les passants. Jour après jour, je me suis attachée à elle. Elle avait de petites mains et des doigts longs et
fins. Elle portait toujours une djellaba bleue décolorée. J’étais impressionnée
par sa patience, sa concentration au travail, la beauté de ce qu'elle
fabriquait. Un jour, je décidai d’aller lui parler pour essayer de mieux la
connaitre et lui montrer mon admiration… Cet échange eut lieu par une matinée
assez froide de mars. Il était dix heures.
Q - Quelles sont les causes qui vous ont
poussée à faire ce travail?
R - Je suis très pauvre ma fille. Je
fais ce travail juste pour subvenir aux besoins de mes enfants.
Q - Est-ce que tu es mariée?
R - Oui ma petite, j’ai deux enfants.
Q - Il fait quoi dans la vie ton mari?
R - Il est gardien de parking.
Q - Rester comme ça dans le froid est
très dur. Pourquoi ne cherches-tu pas un autre travail moins difficile?
R - Même si ce travail est difficile, je
le supporte par amour pour ma famille et même je l’aime : j’adore
tricoter.
Q - Est-ce que tu t'entends bien avec
ton mari?
R - Oui, on s'entend très bien et si je
supporte ces conditions très dures, c'est pour l'aider à mieux faire vivre nos
petites. Pourquoi vous me posez toutes ces questions?
Q - C'est parce que je passe toujours
par ici et que je vois que tu es toujours au même endroit, qu’il fasse chaud ou
froid. J'ai eu pitié de toi. J'ai eu aussi de la sympathie et de l'admiration. Ceci
m'a poussé à venir te parler?
R - Mrhba ma chérie. Viens quand tu
veux, tu seras toujours la bienvenue.
Vraiment, j’ai beaucoup aimé cette femme. J'ai surtout
admiré son courage et sa volonté. Elle a choisi un moyen qui n’est pas facile
pour aider son mari et elle ne fait pas des mauvaises actions pour gagner de
l’argent comme « la mendicité» ou «la prostitution». Je pense qu'elle
donne une belle leçon à nous, élèves, qui ne travaillons pas assez et qui nous
plaignons toujours. Après, j’ai demandé à mes amis de l’aider en achetant
quelque chose de sa « boutique ». Notre choix s’est fixé sur un beau
cache-nez rouge bleu et blanc.
J'ai voulu compléter cette interview et
mieux faire connaitre cette courageuse
dame, mais, ça fait plus d'un mois qu'elle ne vient plus dans sa
"boutique". A-t-elle des problèmes? Est-elle malade? Je suis inquiète
pour elle. Mais, d'un autre côté, je me dis qu'elle est très courageuse et
forte et qu'elle vaincra ses difficultés.
Je suis très fière des femmes qui se
sacrifient pour leurs familles, je les respecte beaucoup et je ferai tout pour
leur ressembler.
Hajar Kazbouri, Amina Slassi, Hanane Asli Dessin de Redouane Araybé
Hajar Kazbouri, Amina Slassi, Hanane Asli Dessin de Redouane Araybé
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